11.4.3 Controverses contemporaines et avenir d’une mémoire

Largement reconnue comme le principal crime des nazis et, au-delà, comme l’un des plus grands crimes de l’Histoire, la Shoah, par son caractère exceptionnel même, a parfois aussi à son tour occulté ou renvoyé au second plan d’autres crimes des hitlériens217.

La « querelle des historiens » (Historikerstreit), dans la RFA des années 1980, a tourné autour des propos controversés de quelques historiens conservateurs et nationalistes tels Ernst Nolte, accusés par d’autres tels Jürgen Habermas de vouloir « banaliser » la Shoah et « normaliser » le passé nazi, en gommant la spécificité génocidaire du judéocide, afin de mieux mettre en équivalent les crimes nazis et ceux du communisme et dédouaner à terme l’Allemagne des premiers au profit d’une dénonciation des seconds.

Dans les pays de l’Est ex-communistes, la fin du système ancien s’est souvent accompagnée de résurgences publiques d’antisémitisme et de tentatives ouvertes de réhabilitation des anciens collaborateurs de Hitler. De surcroît, l’autovictimisation et la dénonciation virulente des décennies passées sous le communisme risque de laisser peu de place à la mémoire de la Shoah ni des compromissions de chaque pays dans la persécution218. Lire la suite