8. Lieu de mémoire


Chaussures de déportés juifs de Birkenau

Chaussures de déportés juifs de Birkenau

Après sa libération en 1945, Auschwitz reste abandonné pendant deux ans. Le Parlement polonais décide en 1947 de faire d’Auschwitz un musée à la mémoire des victimes.

Le musée s’étend sur 191 hectares : 20 à Auschwitz I et 171 à Auschwitz II-Birkenau. Il ne reste rien aujourd’hui de l’usine IG Farben de Monowitz, Auschwitz III. Auschwitz-Birkenau fait partie depuis 1979 du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le camp souche, Auschwitz I, a été restauré et ses blocks 4 et 5 utilisés depuis les années 1950 par les Polonais pour réaliser une exposition permanente qui veut présenter les conditions de vie des prisonniers, principalement à partir d’objet récupérés dans les restes du camp de Birkenau à la libération du camp. S’y trouvent notamment des effets personnels de déportés : vaisselle, lunettes, chaussures etc., exposés dans des vitrines. L’une d’elles montre des cheveux qui devaient être utilisés pour fabriquer du tissu. Tout ce qui appartenait aux victimes, devait resservir et profiter au Reich. Depuis les années 1960, certains blocks hébergent des « expositions nationales » réalisées par les divers pays d’où les Juifs furent déportés à Auschwitz. Au rez-de-chaussée du block 20 se trouve l’exposition française, inaugurée en janvier 2005, d’une grande qualité muséographique.

En 1948, des travaux sont effectués dans le bâtiment de l’ancien Crématoire I, transformé par les nazis en abri anti-aérien en 1943, afin de restaurer, selon les informations disponibles alors, le crématoire et la chambre à gaz dans leur état supposé d’origine : des fours sont réinstallés, la cheminée est reconstruite, les murs qui divisaient l’ancienne chambre à gaz sont abattus, la porte et une partie des orifices d’introduction du Zyklon B sont rouvertes59.

Auschwitz II a volontairement été laissé en l’état comme témoin de l’ampleur du crime. Seule une rangée de baraques en bois du camp de quarantaine des hommes a été reconstruite. Un monument international à la mémoire des victimes, situé entre les crématoires II et III, a été inauguré en 1967. C’est un lieu de recueillement dans ce qui peut être considéré comme le plus grand cimetière de l’histoire de l’humanité.

« Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des Juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement. Auschwitz – Birkenau 1940 – 1945 ». Ce texte est inscrit sur 21 dalles fixées sur le sol du monument, toutes traduites dans des langues différentes.

L’emplacement de la « maison rouge » (le bunker I), totalement détruit par les nazis, n’est précisément identifié qu’à la fin des années 1990. Il est aménagé en lieu de mémoire, marqué par une stèle. De même, il ne demeure que l’emplacement des murs de la « maison blanche » (le bunker II), marqué par quelques lignes de briques. Les grands Krema II, III, IV et V apparaissent en revanche plus visiblement, sous forme de ruines pour les deux premiers60.

Une des 22 dalles commémoratives

Une des 22 dalles commémoratives

Depuis peu des espaces en périphérie des deux camps principaux et en dehors de l’espace du musée sont mis en valeur. C’est le cas de la rampe ferroviaire (Judenrampe) située à 1,5 kilomètre de Birkenau, où sont arrivés les trains convoyant les déportés de mars 1942 à avril 1944. Ce n’est qu’à partir de la fin du printemps 1944 que la prolongation de la voie ferrée, décidée par les nazis pour accélérer l’extermination des Juifs hongrois, arrive à proximité immédiate des chambres à gaz, à l’intérieur du camp.

Pendant la Guerre froide, les chiffres furent gonflés par le gouvernement communiste polonais. Le caractère essentiellement juif des victimes, dans un climat d’antisémitisme persistant, tendant à être nié ou du moins minimisé.

L’installation d’un carmel dans l’enceinte du camp d’Auschwitz, dans les années 1980, a provoqué une longue controverse, les organisations juives dénonçant une tentative de gommer la spécificité juive du lieu au profit d’une « christianisation » et d’une récupération de la Shoah. Jean-Paul II trancha la question en 1993 en ordonnant le départ des carmélites61, mais la polémique sur la « christianisation de la Shoah » fut relancée en 1998 lors de la canonisation d’Edith Stein62, puis de l’érection d’une nouvelle croix haute de huit mètres63,64.

2005 est marquée par la célébration solennelle du 60e anniversaire de la libération du camp en présence des derniers survivants et de nombreuses personnalités du monde entier. Depuis septembre 2006, Piotr Cywiński est le directeur du musée.

Chaque année se déroule à la synagogue Charles Liché à Paris une commémoration en souvenir de la libération des camps d’Auschwitz.

Le site est visité par environ un million de personnes par an. Son entretien est principalement financé par l’État polonais. En décembre 2011, l’Autriche effectue un don de 6 millions d’euros pour la sauvegarde d’Auschwitz65.

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